Retour sur le 14 avril 2019 - Marathon d'Annecy

Bon voilà, vous avez été plusieurs à me le demander...je le poste enfin bien qu'il fut rédigé il y a déjà quelques mois:)

J'éspère qu'il donnera l'envie à tous ceux et celles qui hésitent, à franchir le pas vers ce formidable challenge

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Petit retour sur mon premier marathon qui s’est déroulé à Annecy en Haute-Savoie le 14 avril 2019, il y a maintenant 3 semaines.
Rien ne me destinait à cette expérience unique. J’ai repris la course à pied au printemps 2014 à la suite d’une discussion avec mon pote Richard alias Doudou Wawa. Avant cela, j’avais couru un peu dans mon jeune âge, au lycée d’abord puis sous les drapeaux ensuite mais vraiment très peu et jamais de façon assidue. L’objectif de l’époque était d’intégrer le mythique club Running évasion de notre commune. Nous avions 6 mois devant nous pour pouvoir nous mettre à niveau et se présenter au forum des associations pour l’inscription. Quand j’y pense, rien ne nous prédestinait à un 42,195km. On avait déjà du mal à enchainer 5km sans s’arrêter et la première fois que l’on a bouclé les 10K, j’ai mis plusieurs jours à me remettre de mes courbatures…
Bref, n’ayant pas pu m’aligner sur un marathon pour mes 42 ans pour cause d’intervention chirurgicale, c’est en 2019 pour mes 43 ans que je décide de préparer le marathon d’Annecy.
Les fêtes de fin d’année s’étant terminées, il est grand temps de commencer à tester la machine pour vérifier que mécaniquement elle tiendra le choc tout en contrôlant régulièrement le nombre de places de disponible. 12 janvier, il reste 1812 places (Total 3228 places de disponibles sur le marathon). 5 février encore 1046 places. Mais à force de douter, tester, revérifier, re-tester, un grand coup de stress me prend le 17 février au soir devant la télé, en vérifiant le nombre de places restantes...il reste 58 places. Me voilà en stress et je me connecte en catastrophe pour ne pas passer à côté de l’inscription. Ouf, mon inscription est validée. Je vais peut-être pouvoir comprendre les paroles de Emil Zatopek : « Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon ». Peux être car j’ai fait le plus facile pour le moment…
Un petit mot sur le groupe du club spécial marathon, pour les informés de mon inscription, eux qui me tannent depuis plus d’un mois pour que je m’inscrive...Hein Laurent !, Fred !, Richard !!
Avec le recul, je n’étais pas le seul dans ce cas, puisque notre coach aussi pensait s’être inscrite…C’est jeune pour Alzheimer, non ?
Voilà, le programme d’entrainement est lancé. A l’affut des moindres douleurs, à l’écoute de mon corps…peut-être beaucoup trop, mais c’est le premier et je redoute la blessure. Les nombreux retours d’expériences de coureurs ne font que me conforter ou m’enfoncer dans cette psychose.

Jour J : Ici tout commence !
Lever à 4 :00. La nuit a été difficile. La veille, je me couche avec un mal de tête et les cervicales douloureuses. Les 2 précédents jours, j’ai accompagné MP & Éric dans leur déménagement vers leur nouvelle demeure très cosy au demeurant.
Bref, il faut se lever, ne pas tarder. Ce que je redoute le plus : comment je vais me garer aujourd’hui à Annecy ? Chaque chose en son temps, je vais me préparer prendre mon gâteau de l’effort préparé il y a une semaine et cuit par ma femme, puis prendre la route. Je m’étire une dernière fois et Aie, petit picotement dans le bas du dos. Je me lève...la douleur persiste...Le moral, déjà pas bon avec le mal de tête vient de passer au rouge. Je ne me vois pas enchainer 42.195 km avec la ceinture lombaire …
4 :30 : je prends mon p’tit déjeuner. Je suis dans les temps. Mon papa propose de m’emmener. Pas nécessaire surtout qu’il a chopé un rhume et que le temps annoncé est le plus froid depuis 15 jours. On devrait fleurter avec le 0°c. Lorsqu’il voit dans quel état je suis, il me suggère même d’abandonner. Quoi !! Comment effacer en une seconde tous ces mois de sacrifices et de préparation. Impensable !! Je lui dis qu’il peut retourner se coucher et que je vais gérer. Sans doute pas avec toute la diplomatie dont je peux faire preuve…Encore toutes mes excuses ! Lui qui pensait bien faire.
Me voilà en route, il est 5H00. Personne sur la route, je suis seul…On est Dimanche matin et en province, il ne faut pas l’oublier. Je ne cesse de me demander où je vais me garer. J’analyse toutes les alternatives. La veille j’ai également eu l’avis de ma frangine ML qui a fait une partie de ses études à Annecy.
Finalement, je trouve une place à 400m du départ. Faut dire qu’il est 6H00 et qu’il n’y a encore personne. L’esplanade commence à se réveiller et les organisateurs affinent le décor.
Il me reste 2H30 avant le départ. Un petit message à mon pote Richard qui est arrivé l’avant-veille avec une partie du club et qui a récupéré mon dossard. Encore merci à toi Rich’ !
Bon, il faut que je trouve des toilettes. Un p’tit tour dans Annecy. Tout est fermé !!! C’est bien mon jour ! Côté positif, l’air très frais soulage mon mal de tête. Tiens, l’hôtel est ouvert. Pas le choix, je tente le tout pour le tout et me présente à l’accueil. Je m’attends à un refus car en cette période de plan Vigipirate, je vois mal le réceptionniste m’autoriser à utiliser leurs toilettes. A ma grande surprise, il accepte et m’accompagne même à l’étage. Après plusieurs minutes, ne me voyant pas revenir, et oui le stress …, il viendra prendre des nouvelles.
Me voila prêt tous les voyants sont au vert ou presque.
De nouveau à la voiture en attendant le départ, je rencontre un adepte du coin (mon voisin de parking) qui me donne quelques conseils sur l’épreuve. Enfin, il m’inquiète plus qu’autre chose car pour lui le vent va se lever et on va souffrir sur le retour…
8H00 : après avoir retrouvé tous les membres du club ou presque, récupéré mon dossard, m’être échauffé, nous nous alignons sur la ligne de départ. Fred, Richard, La coach, et tous les autres on se souhaite bonne chance.
L’ambiance est assez particulière…ce n’est pas noir de monde, ou je ne m’en rends pas compte, normalement on est plus de 3000… L’entrée dans le SAS fut facile. Tout est bien huilé. On a même le speaker qui nous chauffe sur fond de les bronzés font du ski avec le titre « Just because of you ».
Il y a Richard U. qui prend le départ dans le même SAS que moi. L’occasion de discuter et d’échanger avant le départ. Whoops, une dernière envie, stress ou pas, je ne me pose pas trop de questions. J’enjambe la barrière et règle le problème derrière l’arbre sous les yeux des habitants qui ont vue sur le départ. Ils sont aux premières loges !
Bam ! Go c’est parti. On avance à petites foulées. Je passe la ligne, je déclenche la montre. Une p’tite pensée pour la montre de Fred qui je l’espère ne sera pas capricieuse sur ce coup !
Premier kilo, une boucle dans la ville. Je suis avec Richard bis. Départ tranquille, très tranquille. Mon état du matin fait que le seul objectif est de terminer.
Je tourne en 4’47. Alors que je m’étais fixé 4’37. Pas grave ! j’essaye de me fixer une cadence modérée pour m’assurer d’arriver au bout de ces 42,195km et dans de bonnes conditions. Richard qui connait mon allure cible me le fait remarquer. Pas grave ! Rapide check. Douleur tête OK ! Douleur dos OK ! Douleurs cervicales Présentes mais OK. Je tente de me détendre. Je me rappelle les conseils de Patrick et Cath lors des Foulées de Franconville. Décontracte les épaules !! De ma femme à une amie, mets tes omoplates dans tes poches arrière… J’essaye ! Pas facile du tout ! Afin ça occupe l’esprit et fait oublier momentanément la tension…
Il fait beau, il fait froid 1 ou 2°C mais pas de gène particulière. J’ai mes gants, mes 2 tours de cou. Il y a du monde partout. L’ambiance est vraiment sympa. L’euphorie du départ est encore bien présente. Tout le monde parle, rigole, s’amuse. J’essaye de caler mon rythme et de profiter. Les premiers kilomètres se font facilement…heureusement. J’essaye de mémoriser le parcours pour le retour. Je grave des repères….le virage, le pont , la petite côte, le ravito…Par contre niveau repère kilo, je suis à la ramasse. Ma montre sonne 300/400m avant chaque panneau. Moi qui récemment vantais la précision de Suunto à Rich’! J’essaye de ne pas me laisser perturber par ce détail et tente d’apprécier cette portion de piste cyclable le long du lac et ces sommets encore recouverts de leur manteau blanc. J’aperçois Montmin au loin, très connu pour son spot de parapente. Il y a d’ailleurs quelques voiles en l’air…les veinards !! Je m’égare à repenser à ces moments où je planais au-dessus des cimes et observais de loin les bateaux sur le lac.
Kilo17, je retrouve mon voisin de parking. On discute un peu et il me redit que l’on va souffrir sur le retour. Je décide donc de profiter de ce faux descendant pour accélérer un peu.
On croise déjà les premiers. Effectivement, ils n’ont pas le même rythme… et ne semblent pas souffrir du vent. Simple impression ou pas ??
Duingt, je passe le semi en 1h39mn46s (538ième)
Sur le retour, je croise Fred, Richard, Françoise. Quel bonheur de faire un « check ». J’aurais bien proposé à Rich un p’tit selfie mais pour être honnête je n’y ai même pas pensé…je continue à égrener les kilo.
Mon voisin de parking que j’avais lâché au kilo 17, me rejoint. Le moral en prend un coup. Je décide de m’accrocher. Whaou, on a un bon rythme. On n’est plus sur les temps de ma préparation. Mon cerveau m’alerte, attention, ne t’emballe pas. Je le mets sur « OFF » et m’accroche. Concentré sur les mollets de coq de mon prédécesseur. J’aurais dû faire plus attention à mon alimentation pour grignoter encore quelques grammes.
Je croise Marine. Je l’encourage. Et continue ma lancée ; accroché à ma locomotive …
Le ravito se détache à l’horizon… Je m’arrête en bout de table, il n’y a personne. Pourquoi s’entasser au début et en plus les gobelets sont design (Différents). Ma locomotive ne s’arrête même pas…Pas grave je la rattraperai mais ça me plombe le moral quand même… Marine passe sans s’arrêter non plus, pas grave ! Me voilà reparti. Je me fixe comme objectif de les rattraper…
Ah oui, je trouve que le verre d’eau a un léger gout de fraîcheur …Whoops, c’est les boissons énergisantes (eau + Overstims) proposées sur les ravitos…Je comprends pourquoi il n’y avait pas foule…J’espère juste que je ne viens pas de signer l’arrêt programmé de mon premier Marathon…
On commence à rencontrer le vent de face. Le fameux, prédit par mon voisin de parking ... Mon corps commence à m’envoyer des alertes…ou mon cerveau commence à ressentir des douleurs réelles ou fictives ?? Ma hanche gauche se manifeste, je ne vais pas tarder à sentir mes mollets. Je corrige le tir et rajoute une sécurité. Je flirte avec les 5mn/km.
Est-ce le « mur du marathon » ? Mieux vaut prévenir que guérir dit l’adage. Je régule une fois de plus mon allure. Il faut que j’occupe mon esprit sinon, je vais finir assis sur le bord du chemin à compter les coureurs…Allez, 1kilo pour Sophie, 1 kilo pour Mathis, 1 kilo pour Nolan…Moi qui passe mes journées à leur dire qu’ils doivent se surpasser dans le sport et que le sport c’est souffrir si on veut progresser … Je ne peux que les terminer ces 42,195 km ! 1kilo pour …., je passe en revu toutes les personnes de mon entourage, toutes les personnes qui ont traversé des moments difficiles ces derniers temps pour des raisons de santé ou aléas de la vie…Il faut que je limite ma perte d’allure mais surtout que j’arrête d’augmenter ma marge de sécurité/de confort…Enfin ce dernier point, sur le moment, je n’y pensais pas du tout
Des enfants en bord de route encouragent les coureurs par leur prénom, marqué sur leur dossard. Vient mon tour, j’en profite pour me déporter et venir faire un check pour leur plus grand bonheur.
J’ai fait le plus dur, je vois le dernier ravito.
Je m’arrête au stand. Une bénévole me demande si ça va. Je fais peur à ce point ? Je réponds que oui et que je vais remplir ma poche alias ma soft flask 250ml. Un autre bénévole me fait signe d’approcher. Je saisi un verre et manque de m’écrouler sur la table. La précision n’est plus mon fort. Il prend en charge le remplissage de ma flask et me revoilà sur la route. Une voix au fond de moi, m’encourage ça va le faire ! Il faut continuer d’avancer ! Ne lâche pas ! Pas maintenant !
Je recroise un coureur que j’avais déjà vu. Facilement identifiable, il est doté d’un sac à dos avec antenne et d’un masque. Je m’interroge : Est-il malade ? Est-ce un athlète en phase d’entrainement ? On dirait un remake de Star Wars. Ma voix me souffle : Richard tu vas être content on dirait Dark Vador !.
J’apprendrai plus tard qu’ils étaient plusieurs et qu’il s’agissait d’une expérience menée par Véronique Billat. Ils n’avaient pas moins de 35 000 € de matos sur eux !! On aurait pu faire le casse du siècle !
De chaque côté, il y a de plus en plus de gens qui marchent…j’ai l’impression que le rythme a ralenti, je continue, allez encore un de plus, j’essaye de continuer à doubler des coureurs, c’est bon pour le moral même si après coup force est de constater que ce n’est pas moi qui accélérait mais eux qui ralentissaient …
Je souffre un peu, mais surveille mes sensations et me répète qu’il ne faut pas me mettre dans le rouge, les crampes et le mur vont me tomber dessus d’un moment à l’autre... Je vois l’arrivée et commence à entendre le speaker…j’essaye d’accélérer, Aie dernier virage, mon cerveau me demande de m’arrêter, je flanche, je m’arrête pour prendre un gel et boire l’eau que j’ai pris soin d’emporter au dernier ravito (sur les conseils des marathoniens, merci Fred !). Avec le recul, je n’aurais pas dû m’arrêter à 400m de l’arrivé, trop naze, le mec !! Mais à ce stade, je crois que le cerveau est vraiment sur « OFF » et l’on vit l’instant présent sans percuter que le chrono lui, ne fait pas de pauses !
Je commence à penser au tapis rouge, je repars et essaye d’accélérer. Ça y est, dernier virage, je suis sur le tapis rouge, j’aperçois la ligne, les photographes, l’arche de fin ! C’est le moment de lâcher les chevaux ! il n’y a plus de risques…Aie, impossible d’augmenter l’amplitude des enjambées, à chaque levé de genoux, un poignard me lacère les mollets, j’essaye d’augmenter la fréquence des pas, ça marche, donne tout mec !!
Je vois le chrono et me prépare à stopper ma montre ! C’est fait ! Je suis FINISHER du marathon, mon premier en … 3h21mn48s ! temps réel ! (454/2714 vitesse moyenne 12.38km/h ; 516 abandons *– * M1H 177/910)


Les vidéos montreront une technique de course assez spéciale mais très content d’avoir terminé ce premier marathon.
Je récupère la médaille, quelques ravitos et quelques bouteilles d’eau pour commencer la réhydratation et me dirige vers ma voiture ou je retrouve mon voisin de parking. On échange nos impressions, lui un habitué. Il était déjà là pour le 1er, il y a 40 ans. Il m’annonce son temps :3H18mn18s malgré ses 69 ans. Chapeau bas !!
Avec le recul, j’aurais dû te suivre et adopter ta gestion de course. A mon 40ième, j’y arriverai surement
Un grand merci à ma femme Sophie et mes enfants Mathis et Nolan qui ont supporté et partagé ce programme d’entrainement exigeant ces 3 derniers mois, mes doutes, mes douleurs. A tous mes supporters et compagnons d’entrainements. A notre coach Françoise pour ses conseils et programmes. A Rich’ qui a récupéré mon dossard. A mes parents qui m’ont hébergé les jours précédents et supporté mon stress des derniers jours et à tous les autres que j’ai oublié.
Voilà content et déçu à la fois. Mais surtout content pour le premier. Beaucoup de points à améliorer entre autres : la gestion des ravitos, la gestion du premier semi, la gestion de la zone de confort et des marges de sécurité, l’alimentation avant et pendant etc… Mais côté positif pas de douleurs et courbatures post marathon, preuve que l’on était bien préparés ou que je n’ai pas tout donné

MERCI OLIVIER POUR CE DEBRIEFING , QUAND ON COMMENCE A LE LIRE , ON NE LE LACHE PAS.
ETANT MOI MEME MARATHONIENNE , COMME JE RETROUVE MES ETATS D'AME , MON STRESS ET MES ANGOISSES.
LE PIRE C'EST QU'ON Y RETOURNE , COURAGE SOPHIE ET LES ENFANTS IL VA PAS LACHER L'AFFAIRE.

Quel CR Oliver ! C'était super de te lire et d'être en direct live avec toi ! C'est toujours très émouvant ces post-courses :-) Bravo à toi en tout cas !

Super CR !!!
Merci de nous faire revivre ce marathon.
Perso pas beaucoup de souvenirs de la course mais très très heureuse et émue de vous retrouver tous à l'arrivée.
J'ai noté prépa physique ok si ce n'est un peu plus de relachement dans la dernière semaine, prépa mentale je vais y travailler.

Merci ma Poule pour ton CR.
J'adore ça nous rappelle plein de beaux souvenirs