C.R marathon du mont-blanc

L'idée de refaire ce marathon m'est venue suite au sentiment que j'avais complètement raté la version 2012.Un énorme état d'épuisement et 4 chutes avaient laissé une grosse déception chez moi . De plus , un challenge à relever pour mes 70 ans . Encouragé et soutenu par mon épouse, j'envisage de le préparer longtemps à l'avance , mais très vite j'ai dû déchanter . Une tenace tendinite, puis une déchirure à la cuisse, font que je me presente au départ avec une prépa très précaire . Ma seule ambition à ce moment , aller le plus loin possible, persuadé que jamais je ne pourrai aller au bout . Mais très motivé quand même .

Samedi, pluie diluvienne à Cham et ce depuis la veille . Dans quel état vont être les sentiers ? La météo prévoit grand beau pour dimanche. Espérons.
7h du matin dimanche ,la pluie a cessé . C'est parti, avec dans ma tête plusieurs consignes. Gérer pour durer, ne jamais être dans le rouge,rester lucide et m'économiser au maxi . Tout va bien et rapidement je me cale dans un tempo qui me va ,prenant soin de voir où je mets les pieds . Arrive Argentières aucune douleur , je m'accorde une petite pose pour retirer mon coupe vent , m'alimenter et appeler mon fan club (mon épouse, ma soeur et bauf) qui vont me suivre en différents points selon ma progression . J'ai la surprise de les voir une 1 ere fois au col des Montets et c'est bon pour le moral . Je suis sur une bonne cadence ( la mienne ). Je pourrai aller plus vite en descendant sur Vallorcine mais je veux durer , alors prudence . En arrivant au ravito de Vallorcine , mon fan club est là et moi aussi très heureux d'être ici . Quelques mots d'encou-ragements et c'est reparti .
Commence la longue montée des Posettes . Dès le début, avec la pluie de la veille, le chemin est gras , les appuis fuyants , d'autant plus que plusieurs centaines de coureurs sont déja passés là . J'ai du mal à trouver le bon rythme dans un premier temps . je ne m'affole pas, laisse passer ceux qui veulent me doubler . Je ne veux pas me mettre en surchauffe , je veux durer. Et puis petit à petit en prenant de l'altitude , je sens que ça revient , je récupère des concurents qui m'avaient passé plus bas. Avant d'arriver au sommet des Posettes nous traversons plusieurs névés . Super j'aime çà . Au sommet je me pose , mange un peu , appelle les miens pour les rassurer que tout va bien et séance photos .
Arrive pour moi le secteur que je redoute le plus . La descente . Très concentré ,je l'aborde avec prudence . Des marches faites de rondins de bois ,hautes et peu larges , rendues glissantes par les nombreux passages dans la partie supérieure ,et plus bas un sentier assez pentu avec des lacets serrés à négocier . Dans ce secteur où j'avais chuté 2 fois l'an dernier ,j'ai une pensée très reconnaissante à Marie-Pascale et Philippe qui m'avaient donné un sérieux coup de main pour me relever . Tout allait bien quand soudain une crampe me tenaille la cuisse .Je m'arrête, avale des pastilles de sel,bois en abondance. Des coureurs passent, me demandent si je veux de l'aide et je me dis que si celà persiste, je ne pourrai guère aller plus loin. Combien de temps me suis-je arrêté ? 3 à 4 mn peut-être plus et je repars en marchant avec le doute qui s'installe. Je ne veux pas me faire éliminer, je préfère abandonner, mais pas éliminer. J'ai trop en mémoire la détresse de Catherine l'an dernier pour vivre cette situation. Peu à peu, je me remets à trottiner jusqu'au bas de la descente. Ouf, je ne suis pas tombé ! En arrivant à Montroc, je retrouve les miens, c'est super, je suis encore là.
Puis Tré le Champ, ravito rapide, ça va et ça repart pour la Flégère. Je suis bien. Qu'elle est dure cette montée. C'est vrai que je manque de foncier, alors je gère au mieux en veillant à rester lucide.Ca me parait interminable, c'est dur. J'ai les cuisses en feu, ça brûle, mais dans la tête pour moi c'est super d'être encore en course. La Flégère, ça y est j'y suis. Là, je sais que sauf accident j'irai au bout. Je prends le temps de bien me restaurer, commence à savourer ma joie en m'écartant du tumulte qui règne là-haut. De nombreux coureurs passent devant moi, alors que je tente d'appeler les miens pour leur dire où je suis. Le chrono, la place n'ont pas d'importance pour moi, je suis sur un petit nuage.
Enfin, je me décide à repartir. Surtout, ne pas faire de bétises, regarder où je mets les pieds, finir. Certes, je suis un peu fatigué mais loin d'être épuisé. Je veux rester lucide. Au loin,j'aperçois la banderolle d'arrivée, encore un petit effort. Dernière rampe pour rallier cette banderolle, pas facile non plus. Dans un ultime sursaut je me remets à trottiner sur les 30 derniers mêtres juste pour la beauté du geste.
Ca y est, la ligne, la banderolle, c'est fini. La joie, le bonheur m'envahissent. Je suis heureux. Les miens sont là pour m'accueillir. On se congratule. Je repense à tous ces ennuis qui m'ont empêché de bien préparer cette épreuve. Mais je n'ai pas de regret et si je devais en avoir un, c'est de ne pas avoir vu Catherine, Martine, Patrick et Jean-Yves à Vallorcine qui étaient venus pour m'encourager. Hélas pour eux, j'étais déjà passé.
C'est vrai, j'ai la satisfaction d'avoir terminé; le temps réalisé et la place m'importent peu et j'aurai signé au départ des 2 mains si on m'avait dit que j'irai à Planpraz.
Que du bonheur cette version 2013.

Jacques,
Pierre et moi on est heureux pour toi et fiers de ton succès.
Laurence

Bravo, et merci pour le CR. Les difficultés de 2012 sont oubliées.

Encore bravo! Super récit et belle course!